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L’IA dans le recrutement : opportunité ou danger ?

Cécile HENNEQUIN-PAVAGEAU

24 mars3 min de lecture

L’IA ne remplacera jamais l’instinct, ni le bon sens humain.

Recruteur humain utilisant une canne à pêche pour récupérer un CV rejeté par un robot IA dans un bureau moderne – image humoristique illustrant les limites de l’intelligence artificielle dans le recrutement.

À chaque fois qu’un nouveau buzzword apparaît dans le monde RH, on nous annonce la révolution du recrutement. Et avec l’IA, on serait au bord du remplacement pur et simple du recruteur. Spoiler : ce n’est pas pour demain.

Soyons clairs : oui, l’IA est utile. Pour automatiser les tâches ingrates (tri CV, relances, gestion d’agenda...), accélérer les process, voire détecter certains biais. Mais croire qu’elle pourra recruter seule, c’est comme croire qu’un micro-onde va vous cuisiner un repas gastronomique. C’est pratique, mais ça fait pas tout.

Recruter, ce n’est pas cocher des cases.

Le bon candidat, ce n’est pas seulement un CV bien rangé ou un score prédictif. C’est une rencontre humaine, c’est l’analyse du contexte, c’est ressentir si ça colle avec l’équipe, la culture d’entreprise, le N+1, les enjeux du poste.

Prenez ce post lu sur LinkedIn d’un dirigeant qui partage ses "5 règles absurdes mais infaillibles" pour recruter.

Parmi elles :

"Si tu dis oui à tout, c’est non".
"Si tu ne me bluffes pas, c’est non".
"Si tu n’as pas de passion, c’est non".

Ce genre de recrutement hors cadre, instinctif et plein d’imprévus ? L’IA ne sait pas faire. Parce qu’elle n’a ni instinct, ni intuition, ni capacité à détecter ce "petit quelque chose" qui fait toute la différence.

L’IA : un assistant, pas un recruteur

Chez Strat&Comm, on utilise l’IA pour ce qu’elle est : un levier d’efficacité, un outil qui nous décharge de la routine pour nous concentrer sur l’essentiel : l’analyse humaine, l’échange, la projection.

Parce que notre métier, c’est aussi de trouver le candidat que VOUS serez capable de manager, d’intégrer, de faire progresser. Celui qui s’épanouira dans votre style managérial, dans votre environnement, avec vos contraintes et votre tempo. Le recrutement, c’est un mariage, pas une extraction de données.

L’IA n’a pas la connaissance fine de votre entreprise, de vos équipes, de votre culture, de vos non-dits. Elle ne comprend pas les enjeux cachés, les conflits potentiels, les dynamiques d’équipe ou la personnalité du N+1. Elle peut trier, mais elle ne peut pas relier.

Quand l’IA se plante : quelques exemples concrets

En 2018, Amazon a dû abandonner un outil IA de tri de CV... parce qu’il avait appris à défavoriser les candidatures féminines sur des postes techniques. L’algorithme avait capté les biais historiques de recrutement... et les avait amplifiés.
Des entreprises ont déjà vu leur IA rejeter des candidats très compétents parce qu’ils n’utilisaient pas les bons mots-clés... ou avaient des parcours atypiques. Là où un humain voit un potentiel, l’IA voit un "hors profil".

L’IA recrute comme elle est entraînée. Et si ses données sont biaisées, ses choix le seront aussi. Sans surveillance humaine, l’IA peut devenir un filtre aveugle qui exclut précisément les talents que vous cherchez à attirer.

Et l’IA apprend vite… surtout les mauvaises habitudes

Une IA, ce n’est pas intelligent, c’est entraîné. Elle apprend ce qu’on lui donne, elle reproduit ce qu’elle voit. Si elle ingère des données biaisées, des pratiques RH discutables, des stéréotypes... elle ne fait que les répliquer à grande échelle, avec une rigueur implacable.

Et c’est là le vrai danger : une IA n’a ni recul, ni sens critique, ni éthique. Si vous ne lui imposez pas une vigilance humaine constante, elle devient le miroir grossissant de vos erreurs.

Et nous, recruteurs, on le sait bien : ce n’est pas le plus beau CV qui fait le meilleur salarié, ni la meilleure note d’entretien qui garantit la réussite. C’est le potentiel, le contexte, l’humain. Et ça, l’IA n’en a pas la moindre idée.